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lundi 1 août 2011

Chapitre 4 : Eudes

La petite troupe avançait au pas rythmé de ses chevaux, et les hommes à pied, nombreux, suivaient derrière. La lumière déclinante de cette fin de jour accrochait des reflets sur le fer des armures, des hauberts de maille et des casques à nasal. Mais ceux qui attiraient le plus l'attention, et avaient suscité tant d'intérêt mêlé d'admiration de la part du vulgaire qui s'était massé par endroits sur leur passage, regroupé en essaims éparts sur les bords des chemins parcourus, étaient sans conteste la vingtaine de chevaliers qui ouvraient la marche, Eudes de Belombreuse en tête. Celui-ci montait un destrier entièrement blanc, dont les naseaux d'un rose délicat palpitaient en exhalant un souffle empreint de nervosité contenue. Il l'avait acquis durant son séjour en Asie, séduit par la blancheur de sa robe et par son allure racée, produit des heureux mélanges qui se pratiquaient alors dans les haras d'Andalousie. Tout comme ses compagnons, il chevauchait nue-tête, et les couleurs chatoyantes de leurs bliauts, leurs longs manteaux clairs battant au vent, ainsi que leurs armoiries portées bien en évidence, achevaient de rendre ce spectacle plus que mémorable. Eudes arborait à son bras gauche qu'il recouvrait entièrement, l'écu de sa famille, orné d'un ours noir sur fond d'or. Ils longeaient depuis longtemps la rivière, suivant son cours onduleux, qui les avait menés d'une région de montagnes dont les sommets abrupts allaient au fil de leur trajet en s'arrondissant, jusqu'à une zone de plaine où les champs alternaient avec de profondes forêts. Des paysans rencontrés au hasard de leur périple leur en avait dévoilé le nom. Elle se nommait la Drôme. Le cours d'eau, au fur et à mesure que le relief s'aplanissait, n'avait fait que s'élargir, et maintenant le chenal s'étirait entre des bancs de galets, donnant l'illusion d'être peu profond. Mais des pluies printanières récentes en avaient néanmoins grossi l'étiage, et Eudes n'aurait pas risqué sa troupe à franchir son lit. C'est pourquoi il était à la recherche d'un gué, ou d'un quelconque pont qui leur aurait permis de rejoindre sans risque l'autre berge. Au-delà, il pourrait reprendre vers le nord en direction de Valence, entre les murs de laquelle il comptait bien saluer Geilin II, comte de Valentinois.

Autour de lui, les chevaliers tout l'après-midi avaient mené grand tapage, comme excités à l'idée de retourner dans leurs foyers. Il faut dire qu'il avait eu ces derniers temps un peu de mal à faire régner la discipline. La présence de l'Ours commençait à lui faire défaut, lui qui le secondait si efficacement, répondant au moindre de ses ordres, remettant à leur place les récalcitrants avec une poigne de fer, sachant se faire entendre autant du plus âgé des chevaliers que de la bleusaille piétonne qui leur emboîtait le pas. Guilhem avait emmené à sa suite les meilleurs de leurs hommes, choisissant, outre l'Ours, Mordrain et Gahériet le balafré, autres fleurons de la chevalerie. A eux trois, il valaient bien dix guerriers, et des plus entraînés encore. Eudes ne lui en voulait pas de s'être si bien entouré, il avait même donné son aval, sachant que son frère avait choisi la route la plus risquée : celle sur laquelle, se rendant de château en château, il était très aisé de suivre sa trace, et aussi d'anticiper son itinéraire. Facile de préparer une embuscade dans ce cas. Ascelin, lui, avait opté pour la voie de l'anonymat, comptant se fondre dans les bois les plus épais, dissimuler ses traces dans l'entrelacs des pistes de chasse ou des sentes peu usitées, si ce n'est par quelque serf local. A cet effet, il avait préféré voyager léger, se contentant d'un simple écuyer pour toute compagnie. Quant à Hernaut et à son double dépravé, Dieu seul savait quelle route ils avaient empruntée. Ces derniers jours, sa colère envers Hernaut avait commencé à refroidir comme une jatte de lait bouillant sortie du feu. Mais il restait encore une peau épaisse à la surface, qui l'empêchait de voir que si celui-ci buvait, baisait et se lançait au cœur des batailles sans aucune modération, ce n'était pas parce qu'il aimait la vie avec passion, mais plus exactement parce qu'il y avait un grand vide dans son existence. Il réalisa que les cavaliers qui l'entouraient s'étaient tus, peut-être enfin lassés de leurs conversations qui s'entrecroisaient au hasard du pas de leurs chevaux, et où il avait été question, d'après le peu qu'il en avait entendu, d'histoires de chasse, de festins passés, de projets d'avenir, le tout assaisonné de quelques blagues salaces dont ils étaient coutumiers. Lui, il ne s'était pas mêlé à leurs bavardages, pressant le plus souvent sa monture afin de garder la tête de la cohorte. A cette heure, il balayait les rives de son regard d'aigle, à la recherche d'un endroit propice où ils pourraient faire halte et monter leur bivouac. Ils prendraient leur repos à la belle étoile. Le ciel dégagé le laissait présumer. Il ne s'était pas passé une seule nuit sans qu'il n'aille dormir au milieu de ses hommes, et cela même lorsque, invité dans certaine forteresse appartenant à l'une de ses nombreuses connaissances, il était sollicité à profiter de la couche moelleuse des propriétaires des lieux. Il ne voulait en aucun cas se servir de son rang pour creuser encore plus le fossé qui, de part sa condition sociale, le séparait d'eux. Et ceux-ci, conscients du sacrifice qu'il faisait à leur égard, l'en respectaient d'autant plus.

Tout en scrutant le décor environnant, il repensait une fois de plus à ce parchemin marqué de son sceau qu'il transportait dans ses fontes. C'était cet objet, et uniquement lui, qui avait dicté leur conduite depuis leur départ de Jérusalem. Le texte qu'il contenait, œuvre d'un philosophe grec ancien, renfermait tant d'idées subversives, qu'à lui tout seul il aurait pu mettre le feu à tout l'empire chrétien d'Occident. Eudes se l'était fait traduire en latin par un moine rencontré dans la ville sainte. Il était question de la remise en cause de l'existence même de Dieu, et de sujets aussi brûlants que la genèse et la forme de la terre. Tous les grands principes admis comme immuables par le commun des croyants y étaient disséqués un à un, démontés, soupesés, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le doute et la soif de vérité. Cet opus, qu'il avait découvert par hasard dans une des bibliothèques byzantines, juste avant qu'elle ne soit détruite par un incendie lors de la mise à sac de Jérusalem, était par conséquent un véritable brûlot. Et il avait partagé avec ses trois autres frères la connaissance de ces textes. Ensemble, ils avaient décidé de les mettre en lieu sur afin, disaient-ils, d'éviter leur destruction qui n'aurait pas tardé à survenir s'ils avaient été révélés tels quels à la face du monde. Ils étaient tombés d'accord qu'il s'agissait d'un patrimoine bien trop précieux pour l'humanité, et que le perdre n'aurait fait qu'enfoncer un peu plus leur univers dans l'obscurité. Et ce furent ces raisons qui les poussèrent à prêter serment les uns envers les autres de ne jamais rien divulguer concernant ce grimoire. Eudes avait l'intention de le porter lui-même, au retour des croisades, jusqu'à un monastère de sa connaissance, situé sur ses terres, qui serait le garant de la conservation de l'ouvrage. Après ça, on verrait bien ce que l'on pourrait en faire. Et puis, c'est alors qu'Hernaut, bien que malgré lui, avait vendu la mèche, dans une des premières villes d'Italie qu'ils avaient rejointes. S'en était suivi une foule de péripéties, au cours desquelles Eudes avait failli y laisser la vie. L'existence de son manuscrit était maintenant connu d'une partie du clergé, vraisemblablement du pape lui-même. En attestaient les deux embuscades dont il avait fait l'objet depuis, perpétrées par des moines soldats, serviteurs zélés de Sa Sainteté. Alors, à Gênes, il avait réuni sa fratrie et, craignant de ne pas pouvoir atteindre seul l'objectif qu'il s'était fixé, avait décidé de se servir de son moine traducteur pour effectuer des copies de l'ouvrage, une pour chacun d'entre eux. Ainsi, sous la condition de se séparer dès que possible, ils multiplieraient les chances d'arriver à leurs fins. Et lui, afin de donner le change, continuerait sa route comme si de rien n'était, attirant à sa suite les moines-soldats, détournant leur attention de ses frères, servant en quelque sorte d'appât. L'opération leur avait pris plusieurs jours, et il lui avait fallu inventer une bonne raison de maintenir sa troupe enfermée dans les murs de la ville. Mais finalement, il y était arrivé, et aujourd'hui, chacun suivait son chemin, inexorablement.

La berge qu'ils longeaient, jusqu'alors encombrée de saules et de peupliers qui, vigoureux, poussaient dans le plus parfait des désordres, se métamorphosa soudain en clairière lumineuse, qui descendait en pente douce, venant se faire lécher les bords par de légers remous d'eau verdâtre, en mélodieux clapotis qui berçaient le silence. Il venait de tomber sur ce qu'il recherchait. Il y avait ici suffisamment de place pour y faire tenir sa compagnie, et même plus. D'une simple pression des rênes, il stoppa son cheval, qui se mit à encenser furieusement. L'homme qui le rejoignit d'abord montait un hongre gris, dont la longue crinière retombait sur l'encolure telle une draperie. C'était Hugues le Chancelant, qui le secondait, remplaçant en cela l'Ours, et dont le sobriquet rappelait qu'il avait reçu une mauvaise blessure à la jambe, ce qui le rendait désormais plus à l'aise à cheval qu'à terre. « Nous ferons halte ici pour la nuit », se contenta de formuler Eudes. Et sa phrase fut suivie d'une série d'ordres brefs, jappés d'un bout à l'autre de la troupe, et qui ne cessèrent qu'une fois le campement monté.

La nuit enveloppant peu à peu le camp, les bruits des conversations et de vaisselle heurtée se fondirent progressivement dans un silence troublé seulement par l'écoulement de l'eau et les hululements des hiboux. Eudes reposait sous la voute céleste, à quelques pas des tentes, enveloppé dans sa longue cape de laine. Ces derniers temps, il avait souvent eu du mal à trouver le sommeil. Peut-être était-ce du au fait qu'il ne se sentait plus vraiment au cœur de l'action, contrairement à ce qu'il avait vécu en orient. Et il lui revenait par fragments des images fugaces de ces combats et de ces longs sièges qui venaient, encore récents, de jalonner sa vie.

Un léger son, comme un crissement de gravier, lui parvint soudainement depuis l'obscurité avoisinante. Scrutant la nuit, il essaya de distinguer dans l'ombre la source de ce bruit. Mais il n'eut même pas le temps de faire appel à ses sens que déjà, surgissant de la noirceur environnante, trois silhouettes encapuchonnées se dirigèrent vers lui, l'entourant en silence avec des mouvements parfaitement coordonnés, comme s'ils avaient été tous trois reliés à un esprit unique. Eudes n'attendit pas de voir briller l'éclat de leurs poignards, il savait d'avance à qui il avait à faire. Il se leva d'un bond, les deux mains d'emblée sur la garde de Divine, qu'il fit aussitôt voltiger dans les airs, tout en poussant dans un seul souffle le cri de ralliement si familier aux oreilles de tous ses hommes : « Fiercastel ! A moi ! » Et sa lame tournoya en sifflant, venant décapiter, dans une gerbe de sang, la tête de l'un de ses agresseurs. Celle-ci alla rouler dans l'herbe comme ces grosses balles de cuir avec lesquelles les paysans jouaient à la soule. Et un pied l'arrêta. C'était celui de Quentin de Belval, l'un de ses chevaliers qui, l'arme au clair, venait lui prêter main forte. Devant la tournure que prenaient les évènements, les deux assaillants restants, estimant qu'ils risquaient de passer subitement du statut d'assassins à celui de cadavres, disparurent sans attendre dans les ténèbres, aussi rapidement qu'ils étaient venus. Quentin, de lui-même, se lança à leurs trousses. Des mouvements se faisaient percevoir peu à peu alentours, accompagnés des bruits métalliques des lames que l'on sortait des fourreaux. Eudes s'écria à la ronde, à l'intention de tous ceux qui pouvaient l'entendre : « Hola ! N'y a-t-il pas quelqu'un de réveillé à cette heure ? Faites-moi venir le Chancelant ! Et plus vite que ça ! » Ses éclats de voix furent suivis, quelques secondes plus tard, du bruit caractéristique des pas de son aide de camp, lequel arrivait en claudiquant. Eudes reprit, encore échauffé par ce qu'il venait d'endurer : « Comment se fait-il que les sentinelles n'ont rien vu venir ? Elles dormaient, ou quoi ? » Décidément, l'Ours lui manquait de plus en plus. Ce genre d'événement, lui présent, c'est à peine s'il en aurait recueilli les échos. Devant l'air marri de son bras droit, il ajouta : «  Bon, prend quelques hommes avec toi, et des plus alertes de préférence, et tente de me ramener les deux froqués qui ont essayé d'attenter à ma vie. » Le Chancelant entreprit de s'exécuter, mais son seigneur le retint au dernier moment, sa main ferme se posant sur son épaule : «  Et à ton retour, fit-il, surtout n'oublie-pas de doubler la garde. Je n'apprécierai pas du tout que ce genre d'événement se reproduise. »

Le lendemain aux aurores, la troupe reprit son chemin comme si rien ne s'était passé. Eudes, toujours en tête, ruminait quelque sombre pensée au rythme syncopé des pas de son cheval andalou. Cette même nuit, Quentin de Belval lui avait ramené le corps sans vie d'un second moine, qu'il n'avait pu éviter de trucider afin de défendre sa propre existence. Quant au troisième homme, il lui avait échappé, et l'intervention du Chancelant n'y avait rien changé ; après de longues recherches, il fallait bien se rendre à l'évidence : le bougre s'était envolé dans la nature, aussi prestement qu'il était apparu. Eudes avait depuis lors un mauvais pressentiment, celui d'être pisté comme un vulgaire gibier, mais avec des moyens qui allaient en grandissant. La papauté, il en était persuadé, ne reculerait devant rien. Sa tête était mise à prix, et au prix fort, de s'être commis dans cette histoire de texte ancien, et il ne serait véritablement en sécurité que sur ses terres, en son château de Fiercastel. D'ici là, il lui faudrait faire preuve de la plus grande prudence.

Hugues ne tarda pas à le rejoindre, et les deux hommes se tinrent au botte à botte un instant. « Qu'as-tu fait des deux corps ? » demanda son seigneur. « Je les ai cloués sur un vieil arbre, bien en évidence depuis la route, comme tu me l'as demandé. » Eudes estimait en effet que cette sorte d'avertissement pourrait faire réfléchir certains de ses poursuivants, et si cela avait pour conséquence de les retarder, c'était toujours un avantage de plus pour lui, à cette course dans laquelle il venait de s'engager.

Tout en longeant la Drôme, il réfléchissait de nouveau à un moyen de la traverser, quand il aperçut sur l'autre berge, deux hommes à pied qui se tenaient, immobiles, au bord de l'eau. Il crut distinguer de loin la forme d'un instrument de musique, peut-être un luth ou une vielle, que l'un des deux voyageurs portait en bandoulière. Sans doute des ménestrels qui se rendaient de village en village pour exercer leur art et y puiser leur inspiration, pensa-t-il. S'approchant de la berge, il les héla. « Dites-moi, mes braves, connaissez-vous un passage qui nous permette de franchir la rivière sans encombre, à mes hommes et à moi ? » Il perçut leur réponse par bribes que le vent emportait aussitôt. Il en déduisit qu'il existait un premier pont, à deux heures de marche de là, puis un deuxième encore plus loin. « Parfait, pensa-t-il . Nous pourrons dès lors nous séparer en deux groupes, pour nous retrouver plus tard, une fois la rivière franchie. » Il espérait ainsi semer la confusion chez ses éventuels suiveurs. Se dressant sur sa monture, ses mains en porte-voix, il interpella de nouveau les deux vagabonds. « Où allez-vous? » demanda-t-il. Le timbre de l'un des deux hommes ne tarda pas à se faire entendre : « Nous nous dirigeons vers Valence! » Ce à quoi le Seigneur de Belombreuse leur répondit :  « Rejoignez-nous au prochain pont. Nous pourrons faire un bout de chemin ensemble. » Discernant un signe de leur part qu'il prit pour un assentiment, il fit alors volter son cheval et rejoignit sa troupe. Des musiciens parmi eux, pourquoi pas? Un peu de distraction serait la bienvenue.

Comme il leur avait été annoncé, ils finirent par atteindre un vieux pont de pierre autrefois érigé par les Romains, et dont l'arche s'élançait gracieusement au-dessus de l'onde. Une antique statue de la Vierge, érodée par le temps et les intempéries, en marquait l'accès. Eudes fit se regrouper autour de lui sa vingtaine de chevaliers, et leur exposa son plan en quelques phrases succintes. Il traverserait avec la moitié des hommes à pied et des cavaliers. Le Chancelant, quant à lui, prendrait la tête du reste de la troupe pour passer avec eux le pont qui se situait en aval. Après cela, il fut convenu qu'ils se retrouveraient bien plus tard, sur la route de Valence. Eudes prit le temps de choisir parmi les chevaliers présents. Il nomma entre autres Quentin de Belval. Sa bravoure et sa fougue de la veille l'avait impressionné, et il comptait bien se faire seconder par lui durant cette étape de leur voyage. Lorsqu'il eut fini, le lent cortège se scinda en deux et, avec une parfaite synchronisation, la cohorte menée par le seigneur franchit le pont, dans un vacarme retentissant de sabots frappant la pierre. Au bout les attendaient les deux ménestrels. Eudes, lorsqu'il fut à leur hauteur, se présenta à eux. Son regard bleu ciel était plein de convivialité, voire même teinté d'une certaine jovialité. La présence ici de ces deux artistes l'intriguait et l'amusait à la fois. C'était comme s'il avait laissé ses soucis de l'autre côté du pont. Le premier des deux hommes qui lui répondit était fluet et d'une taille au-dessus de la moyenne, et il portait un luth dans son dos. Sous son chapeau ses longs cheveux bruns encadraient un visage encore jeune et ses yeux rieurs attiraient la sympathie : « Je me prénomme Jehan, et mon compagnon que voici s'appelle Thibaud. » Aussitôt nommé, le Thibaud en question, jeune blondinet aux allures de fille, se fendit d'un sourire aguicheur en même temps que d'une légère révérence. « Il est l'instrument, et je suis la voix, précisa-t-il. C'est volontiers que nous nous joignons à vous, messire. Nous serions ravis de vous distraire. »

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