Pages

lundi 9 janvier 2012

Chapitre 26 : Ganelon de Saint Loup

Même après quelques jours, l'état de Guilhem ne s'était guère amélioré. Certes il mangeait, dormait, marchait ou chevauchait avec eux et semblait ne pas avoir été affecté physiquement par son séjour chez les moines-soldats. Mais parfois, il prononçait une phrase, souvent sans aucun rapport avec le contexte présent. Et il paraissait toujours ne reconnaître aucun d'entre eux. On aurait dit que quelque chose s'était cassé en lui. Ascelin, à plusieurs reprises, détecta dans son regard comme une sorte de terreur, qui finissait néanmoins par disparaître peu à peu, pour revenir ensuite, à un autre moment, tel un mauvais rêve qu'il aurait fait tout en restant éveillé. Il fut vite évident que l'affection dont il souffrait n'avait rien d'ordinaire. Son état était similaire à celui des êtres que l'on disait abandonnés de Dieu et que le Démon, trouvant une âme alors vacante, s'était empressé de posséder. Le parvis des églises était envahi de telles créatures dont s'occupaient des personnes charitables. Et aucune médecine connue ne pourrait le soigner. Ascelin s'était forgé une certitude à cet égard : pour vaincre ces symptômes provoqués par le Malin, seules des méthodes en marge de la société, celles que l'on pouvait qualifier de contre nature, devaient être employées. Les noms d'Ermengarde et d'Ingeburge lui venaient spontanément à l'esprit. Elles seules seraient capables d'inventer un remède, il en était persuadé. Il fallait qu'il les dirige vers l'endroit où il les avaient rencontrées, et que cette fois, il sollicite leur aide. Elles s'étaient montrées si dévouées et si protectrices à son égard. Peut-être accepteraient-elles ? Cela valait le coup d'essayer.

                                                         C'est avec de telles idées en tête qu'il mena sa petite troupe à travers l'immense forêt du Vivarais, la même au sein de laquelle il s'était ressourcé et peu à peu métamorphosé en l'homme qu'il était aujourd'hui. Il retrouva les reliefs bleutés plantés de sapins denses, les arbres d'une taille remarquable qui lui avaient murmuré tant de choses au travers de leurs vertes frondaisons. Mais il n'était plus le même qu'en arrivant pour la première fois en ces lieux. Quelques semaines avaient suffi pour le faire murir, et ses motivations d'aujourd'hui, en traversant les étendues sans fin de ces collines boisées, étaient tout autres. Il s'était écoulé environ deux jours depuis qu'ils avaient retrouvé Guilhem, et le soleil, masqué sous de blancs nuages vite chassés par une brise rafraîchissante, venait de dépasser son zénith. Ils avaient adopté un trot léger, et les crins de leurs chevaux flottaient au vent de leur course. En tête caracolait l'Ours, puis venait Ascelin, son frère Guilhem en croupe. Enfin Mordrain fermait la marche, encadré des deux pages avec lesquels il devisait gaiement. A la sortie d'un virage, l'Ours retint subitement ses rênes, leur intimant d'arrêter. Il sauta à terre, fit deux pas en avant et saisit la mince corde qu'il venait d'apercevoir de son regard exercé, et qui, attachée au fut de deux jeunes chênes, barrait le chemin dans toute sa largeur. « Hum ! Fit-il. Ca, c'est une embuscade, où je ne m'y connais pas. » Puis, dégainant son épée, il trancha net l'obstacle de chanvre. Ascelin comprit qu'il valait mieux pour eux se tenir sur leurs gardes. Pendant que l'Ours se remettait en selle, il se positionna dos à dos avec Mordrain de façon à pouvoir surveiller la route des deux côtés. Et, interpellant la Belette, il lui tendit la garde de Tranchante, qu'il avait toujours sur lui. « Prends-là, lui dit-il. Et c'est le moment de te souvenir de ce que je t'ai appris. Fais attention tout de même, il ne s'agit pas d'une épée de bois. » L'adolescent prit l'arme avec déférence, et la fit tournoyer pour en éprouver l'équilibre. Mais, même malgré son manque d'expérience, il se rendit compte à quel point elle était parfaite. Ascelin, qui portait Divine dans son dos, leva le bras droit pour se saisir de la poignée qui dépassait largement de son épaule. Et elle apparut, encore plus belle et redoutable que Tranchante. L'Ours, voyant que Flavien était le seul à n'être pas équipé, s'adressa à ce dernier : « Te sens-tu de manier l'épée ?
_ Messire, répondit ce dernier, je suis plus à l'aise un arc à la main. » Alors le chevalier, s'en défaisant aussitôt, lui passa le grand arc qu'il portait sur lui, ainsi que son carquois rempli de flèches.

                                                        Et c'est alors que, surgissant du sous-bois, une bonne douzaine d'hommes leur fondit dessus. Ils eurent à peine le temps de voir à qui ils avaient à faire. Des individus de toutes sortes, certains vêtus de maille ou d'armures, la tête surmontée de casques aux formes diverses, d'autres de hardes usagées, la plupart armés d'épées et de poignards, quelques-uns munis d'une hache. Le choc fut rude. Divine, brandie à deux mains, avait entamé une danse macabre, ponctuée de jets de sang, tandis que les lames des deux chevaliers fendaient l'air en sifflant, martelant les pièces d'armure ou bien faisant mouche, soutirant au passage force cris de douleur et d'agonie. Et Flavien, un peu en retrait sur son cheval, bandant son arc, tira une flèche, puis deux. Et chacune atteignit sa cible. Mordrain lui cria quelque chose, qu'il ne comprit d'abord pas. Et puis il réalisa : un archer se trouvait dans le camp adverse. Il vit la flèche partir, lancée d'une main sure, traverser le champ de bataille, et terminer sa course en transperçant le bras droit de Mordrain qui, de douleur et de surprise, en lâcha son arme. Flavien prit une inspiration, banda de nouveau son arc, visa calmement, et l'homme qui lui faisait concurrence tomba comme une masse, touché à mort. Le nombre de leurs assaillants s'était en quelques instants considérablement réduit. Mais la poignée qui restait continuait à les harceler.

                                                         C'est alors que surgit un cavalier, un impressionnant fléau d'armes à bout de bras, dont la simple vue de ses piques acérées aurait fait décamper plus d'un. L'homme, couvert d'une longue cotte de mailles, était visiblement d'une taille au-dessus de la moyenne et montait un échalas d'étalon noir qui ne pouvait pas mieux lui convenir. Ascelin vit l'écu qu'il portait à son bras gauche : une tour dorée sur fond cramoisi. Une baronnie inconnue de lui, sans doute. Le cavalier fondit droit dans la mêlée, beuglant des ordres brefs, lesquels avaient pour but de mettre fin à cette boucherie. Un des assaillants, qui s'acharnait encore après l'Ours, dut subitement battre en retraite, ayant pris en plein dans le dos une volée de la masse hérissée de piques, et ne dut son salut qu'à l'armure qu'il portait. « J'aime bien être écouté quand je dis quelque chose », brailla l'homme à cheval, à qui voulait l'entendre. Et il crut bon de rajouter un « bande de soudards ! » aux quelques rescapés qui tenaient encore debout. Puis il leva son regard noir vers Ascelin et ses chevaliers. Son visage était osseux, son nez busqué, et le haut dégarni de son crâne était compensé par une longue chevelure blanche réunie en queue de cheval. Le tout lui donnait un air de meneur d'hommes, en tous cas d'un de ceux qui ne se laissait pas marcher sur les pieds, et qui aurait plutôt eut tendance à marcher sur ceux des autres. « Quelle maison ? » Demanda-t-il à Ascelin en désignant l'Ours noir qui ornait son bouclier. « Belombreuse, répondit celui-ci. Je suis le dernier né des fils du Comte Haimont, voici mon frère Guilhem, et deux de mes chevaliers, Mordrain et Baldric, ainsi que nos pages.
_ Je l'avais deviné ! S'écria l'homme. Ours noir sur fond d'or, les Belombreuse... Excellente maison, celle-là. Du nord, je crois ?
_ Ardenne, plus exactement, précisa Ascelin. Et à qui ai-je l'honneur ?
_ Baron Ganelon de Saint Loup. Qu'est-ce qui vous amène à traverser mes terres ? » Ascelin hésita un peu avant de répondre. Cet homme lui inspirait une certaine méfiance. « Nous nous rendons à Milan. Nous devons escorter l'un de mes frères pour le ramener en notre château de Fiercastel. »  Et, songeant à Mordrain qu'il savait, derrière son dos, transpercé d'une flèche, il ajouta : « J'ai là un homme blessé, Baron. Vous serait-il possible de nous accorder une trêve pour pouvoir le soigner ? » Le Baron se mit à rire à cette requête.  « C'est plutôt moi qui devrait vous faire cette demande. Mes hommes vous ont quelque peu malmenés, mais il était évident que vous alliez avoir le dessus. J'ai préféré les stopper pour éviter que vous les massacriez jusqu'au dernier. » Ascelin jeta un coup d'oeil alentour. Il était vrai que le bilan, côté adversaires, était assez lourd, rien qu'à entendre les gémissements des blessés et à voir les corps sans vie qui jonchaient le sol à quelques pas d'eux . «  J'en suis désolé, s'excusa-t-il. Mais ce sont eux qui nous ont agressé, et nous n'avons fait que nous défendre... » Le Baron repartit à rire : « Oui, ils ont tendance à attaquer tout ce qui bouge. Mais laissons de côté cet incident, voulez-vous. Et considérez que vous êtes mes hôtes. Si vous voulez me suivre jusqu'à mon modeste château, vous pourrez vous restaurer, vous reposer, faire soigner votre chevalier et oublier dès lors ce qui vient de se passer. » Ascelin aurait voulu décliner l'invitation. Mais il sentit dans le ton employé par le Baron qu'il valait mieux accepter.

                                                           Laissant ses gens s'occuper d'enterrer leurs morts et panser leurs blessés, le Baron mena ses invités à travers les collines, et ils se trouvèrent bientôt dans une vallée encaissée, surmontée de partout de lourds aplombs rocheux, traversée d'un filet d'eau claire qui courait à leurs côtés en un murmure continu. Et le château apparut, simple donjon de pierres rectangulaire surmontant une motte de terre et flanqué de quelques baraquements. Pas de village à ses pieds. Apparemment, Ganelon de Saint Loup préférait la présence de brigands de grand chemin à celle de paysans qui oeuvreraient pour mettre en valeur sa glèbe. Les douves alentour, non entretenues depuis longtemps, regorgeaient de joncs et de jeunes saules. Une fois passée la porte, la cour entre les murs présentait les premiers signes d'un délabrement. Les ouvrages d'enceinte s'étaient tout bonnement écroulés par endroits, et des herbes folles ponctuaient çà et là le sol de terre battue. Après avoir laissé leurs chevaux, ils s'introduisirent dans le donjon, dont l'intérieur leur confirma l'impression de laisser-aller qu'ils avaient eue jusqu'alors. Le sol du premier niveau était couvert de paille déjà ancienne et de la saleté qui y régnait se dégageait une aigre puanteur. Dans un coin, une poignée d'hommes, assis à même la jonchée, avaient entamé une partie de dés, dans un vacarme de rires et de grasses exclamations. Ascelin entrevit leurs faces malpropres marquées des traces indélébiles de balafres en tous genres. A l'un d'entre eux il manquait même un œil. Sans prendre le temps de les calculer, le Baron les mena à l'étage supérieur accessible au moyen d'un escalier de sapines, dont une partie s'était effondrée. « Attention aux marches, fit-il. Ce serait stupide que votre voyage prenne fin ici à cause d'une planche manquante. »

                                                           Le premier étage, d'un aspect plus convenable, était entièrement vide. La paille cette fois semblait plus récente, et la lumière du jour filtrait par plusieurs meurtrières, égayant un tant soit peu cet endroit qui, autrement, aurait pu s'avérer des plus sinistres. « Vous pouvez installer votre homme ici », dit le Baron en désignant Mordrain, qui avait grimpé jusque là avec l'aide de l'Ours, sur l'épaule duquel il s'appuyait. Ils laissèrent alors les deux chevaliers, Baldric ayant affirmé qu'il s'occuperait du blessé. Ganelon les mena alors à l'étage supérieur, qui se révéla en fait être le dernier niveau de la tour. La charpente leur apparut. Des faisceaux lumineux, trouant celle-ci par endroits, laissait supposer que l'état du toit, les jours de pluie, offrait un abri plus que sommaire. Là aussi la jonchée était fraîche. Un lit orné de courtines trônait dans la pièce, ainsi que quelques coffres épars. Le Baron, s'asseyant sur l'un d'eux, invita ses quatre hôtes restants à faire de même. Un serviteur ne tarda pas à faire son apparition, portant des écuelles et un plat en terre cuite dans lequel, encore fumante, une daube de sanglier ornée de quelques navets glacés, était prête à être dégustée. Posant le mets directement sur le sol, le domestique s'en retourna, tandis que le Baron précisait : « Oui, je me suis offert les services d'un cuisinier, et des plus talentueux, s'il vous plait. Ce n'est pas parce qu'on vit dans les broussailles au milieu de ruffians que l'on doit se priver des plaisirs de l'existence. » Et, s'asseyant cette fois-ci à même le sol, se servant de ses doigts, il donna le départ de cet insolite banquet. Les deux adolescents, affamés, furent les premiers à se joindre à lui. Ascelin incita Guilhem à faire de même, et celui-ci, comme d'habitude, se laissa guider sans prononcer un seul mot. A peine avaient-ils commencé leurs agapes qu'un cri se fit entendre, cependant  vite étouffé. Ascelin pensa aussitôt à ses deux chevaliers, au niveau inférieur, et ne put s'empêcher d'imaginer l'Ours qui, ayant brisé la pointe de la flèche, l'extirpait avec détermination tandis que Mordrain se tordait de douleur. « C'est peu cher payé pour cinq hommes trucidés et tout autant de blessés, commenta le Baron. Et, de plus, votre chevalier a des chances de s'en sortir. » Ascelin avala une bouchée de daube tout en le regardant avec défiance : « Si vous voulez un quelconque dédommagement... » hasarda-t-il. «  Qui parle de dédommagement ? S'écria le Baron. Il vous suffit de payer votre passage sur mes terres, comme tout voyageur qui les traverse. C'est de taxe dont je vous parle, et non pas de réparation. »  Ascelin comprenait dès lors. Ganelon de Saint Loup, comme certains de ses semblables, vivait sur l'imposition qu'il prélevait auprès des pélerins, des marchands et autres errants qui à un moment donné franchissaient son domaine. Mais, d'après ce qu'il pouvait en voir, il soupçonnait que ce n'était pas seulement avec ça que ce petit noble de province se nourrissait. Il discuterait du prix à payer plus tard, lorsqu'il serait temps de prendre congé.

                                                            L'Ours réapparut, gravissant les marches qui menaient à leur étage. Il avait son air des mauvais jours, et Ascelin en conclut que ça ne c'était pas passé comme il le voulait. « Comment va Mordrain ? » s'enquit-il. L'Ours s'agenouilla à ses côtés et, se saisissant d'une écuelle, entreprit de se servir une part. « Comme quelqu'un qui s'est pris une flèche dans le bras. » Répondit-il, aussi terre à terre que d'habitude. « J'ai pu l'en extraire, précisa-t-il, mais il faudrait des soins plus appropriés pour soigner la blessure, qui est profonde. » Et, tout en jetant un regard au maître des lieux, il ajouta :  « Et je doute qu'ici nous puissions trouver ce qu'il nous faut. » Le Baron ne répondit pas à l'allusion. Il ne savait que trop qu'il vivait dans un trou perdu, loin de tout, et qu'aucun médecin ni guérisseur ne fréquentaient l'endroit. On se débrouillait depuis longtemps déjà avec les moyens du bord. « S'il est suffisamment solide, il s'en sortira », dit le Baron. Ascelin, ignorant la remarque, se pencha vers l'Ours pour lui parler tout bas. « Là où je compte me rendre avec Guilhem, il y aura de quoi soigner Mordrain, je te le garantis. Nous partirons demain de bonne heure. C'est à une ou deux journées de chevauchée. » Quelque peu rassuré, l'Ours répondit :  « Je suis certain qu'il tiendra jusque là, et même plus s'il le faut. »

                                                             Quand le domestique revint, ce fut pour leur porter du vin coupé d'eau et des cailles farcies, qui furent accueillies avec beaucoup d'enthousiasme. Et tandis qu'ils poursuivaient leur repas, des bruits leur parvinrent depuis les étages inférieurs, toute une agitation accompagnée de clameurs de voix masculines. La raison de ce chahut était un retour d'expédition. Les hommes qui en faisaient partie ne tardèrent pas à faire irruption dans la pièce. Deux d'entre eux portaient de lourds sacs de toile, qu'ils déposèrent devant leur seigneur dans un fracas de métal entrechoqué. Le Baron, interrompant son déjeuner, essuya ses mains sur le bas de son bliaud déjà fort crasseux et, un sourire de prédateur repu sur les lèvres, se releva pour les accueillir. « Bien, fit-il. Voyons là ce que vous me ramenez. » L'un des hommes, couvert d'une chemise en mailles qui descendait sur ses chausses maculées de boue, ouvrit l'un des sacs, et en répandit le contenu sur le sol. Des bijoux, des statuettes, des pièces d'or et des hanaps en étain ouvragé s'étalèrent au milieu de la paille, provoquant parmi les personnes présentes, selon le cas, satisfaction, étonnement ou admiration. L'autre sac subit un sort identique et révéla un contenu à peu près similaire. Ganelon, se baissant, ramassa une poignée de pièces qu'il tendit à celui qui avait ouvert les sacs et qui, se contentant de lui décocher un sourire édenté, fit signe aux autres hommes de se retirer. Le Baron cria quelques ordres pour que ses domestiques abreuvent toute cette engeance de quelques pichets de vin, et la salle se vida tout d'un coup, laissant entre eux Ganelon et ses hôtes, tout un bric à brac d'objets divers à leurs pieds, parmi lesquels quelques pierres précieuses brillant d'éclats multicolores. « Détrousseur de voyageurs », pensa Ascelin pour lui même. Voilà ce qu'était l'activité principale du Baron. Il n'était rien qu'un brigand, rien de plus. Cela lui donnait soudainement envie de vomir.

                                                       Seuls La Belette et Flavien dormirent d'un profond sommeil cette nuit-là. Guilhem était en proie à des cauchemars que, du coup, Ascelin ressentait aussi. L'Ours s'en faisait pour Mordrain, et ce dernier, submergé par la douleur, ne pouvait non plus fermer l'oeil. Le lendemain, après avoir régalé le Baron de quelques pièces frappées à l'effigie du roi des Francs pour payer leur passage, ils repartirent librement sans attendre en direction du Rhône.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire