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mardi 6 décembre 2011

Chapitre 21 : Autres retours

Le claquement du bois contre le bois résonnait sous les tilleuls dont les immenses branches s'étalaient en ombrelles au-dessus de leurs têtes. Claire, habillée en garçon comme à son habitude, apprenait auprès de Mordrain les rudiments du combat au corps à corps sous le regard amusé de l'Ours qui, assis à quelques pas de là, était décidé à ne pas perdre une miette de ce spectacle qui lui paraissait ô combien insolite. Mordrain, dont la chemise blanche était maintenant auréolée de sueur, mit fin à l'affrontement d'un coup de bâton porté plus violemment que les autres. Claire lâcha le bout de bois qui lui servait d'arme tout en poussant un cri bref et aigu de douleur et de déconvenue. «  Désolé ! Fit son adversaire. Parfois j'oublie que c'est contre une femme que je me bats. En tout cas, cela prouve que tu es en net progrès. » S'essuyant le front d'un revers de manche, il se tourna vers leur unique spectateur : «  Qu'en penses-tu, l'Ours ? » Ce dernier eut un rictus qui en disait long sur son sentiment présent. « Autant apprendre à parler à ton cheval, dit-il. Mais elle a du courage, il faut le reconnaître. Peut-être arriveras-tu à lui donner des bases suffisantes pour qu'elle puisse se défendre seule contre une poignée de brigands sous-équipés.
_ C'est le but recherché », répliqua Mordrain qui, enveloppant son élève d'un regard protecteur, ajouta : « afin que le genre de mésaventure qui lui est advenu ne puisse plus jamais se reproduire. » Claire échangea un bref sourire avec lui, preuve fugace de leur complicité grandissante. L'Ours se leva d'un bond et, estimant qu'ils avaient pris suffisamment de bon temps au cours de cette matinée qui s'annonçait ensoleillée, les bouscula quelque peu : « Il serait peut-être bon de reprendre la route, vous ne pensez-pas, compagnons chevaliers. » Un clin d'oeil à la jeune femme lui fit comprendre que désormais il l'incluait dans cette confrérie habituellement réservée aux hommes. Après tout, elle avait fait ses preuves durant toutes ces journées où elle les avaient menés, prenant la place de leur maître légitime.

Après les deux semaines de voyage ininterrompu qui avaient suivi la mort du Balafré et la perte du parchemin, ils arrivaient enfin en vue des contreforts ardennais. A aucun moment depuis, ils n'avaient éprouvé le besoin de se cacher. Les bourgades traversées jusqu'alors leur avaient réservé un accueil des plus enthousiastes. Ils étaient loin d'être les seuls à effectuer le retour de Terre Sainte. Une fois même, ils s'étaient trouvés mêlés à un groupe de chevaliers qui se rendaient plus au nord, et avait partagé avec eux le gîte et le couvert durant plusieurs jours. Et aujourd'hui, de nouveau seuls avec Claire pour unique compagnie, c'est d'un cœur réjoui que l'Ours et Mordrain devinaient dans le lointain les sombres forêts humides dont chaque route leur était si familière. Une fois parvenus à l'intérieur du massif, Mordrain fit partager à Claire son amour pour sa terre natale, lui décrivant chaque arbre inconnu d'elle, elle qui n'avait eu pour horizon que les régions plus au sud, et qui s'étonnait de la majesté des hêtres et de la silhouette fournie des sapins, ainsi que de la luxuriance des sous-bois. L'Ours suivait derrière en silence, tenu en respect par la beauté des lieux et l'esprit encombré des souvenirs que cette région lui évoquait. A environ une heure de Fiercastel, ils traversèrent un village dans lequel plus d'un habitant, délaissant ses occupations en cours, se précipitait sur le seuil de sa porte ou à l'une des fenêtres pour les saluer et échanger avec eux quelques familiarités. Même s'ils n'étaient pas encore arrivés sur leurs propres terres, situées encore à quelques heures de marche de là, ici, ils étaient néanmoins déjà chez eux. A la sortie du village, deux jeunesses rouquines, surement deux paysannes d'après leur tenue vestimentaire, étonnamment semblables par leur physique, les attendaient sur le bord de la route. L'Ours se fendit d'un sourire radieux à leur vue et s'exclama à l'adresse de son compagnon : « Regarde, Mordrain, qui voilà ! Les sœurs du Val. Qui aurait pu croire que, quatre ans plus tard, elles se languiraient encore de nous ? » Et, éclatant de rire, il s'approcha des deux filles, en souleva une de terre pour la mettre en croupe derrière lui. Tout en riant à son tour, après avoir arrangé ses jupes, la jolie rousse passa ses bras d'une blancheur de lait autour de sa taille et, de ses lèvres pulpeuses, inonda son cou de taureau de baisers, ce qui le fit rire encore plus. La seconde jeune femme, copie conforme de la première, s'arrêta aux pieds de Mordrain dans l'espoir que celui-ci l'enlèverait à son tour. «  Salut à toi, beau chevalier, dit-elle. Tu es enfin revenu. J'espère que les charmes de l'Orient ne t'ont pas fait oublier tes vieilles amies. 
_ Non, répondit Mordrain, gêné, un pâle sourire aux lèvres. Je ne t'ai pas oubliée, Mélisende. Ni ta sœur jumelle, Justine. A moins que ce ne soit le contraire, car vous vous ressemblez tellement. Si tu veux faire un bout de route avec nous jusqu'à Fiercastel, monte en croupe derrière la demoiselle que voici », fit-il en désignant Claire. «  Oh ! Je vois, répondit la supposée Mélisende. Non, je te remercie, mais je préfère vous suivre à pied. Si tu le permets, nous vous accompagnerons jusqu'au château, histoire de causer un peu. Après tout, cela fait longtemps que nous ne nous sommes vus. »
Et les deux chevaliers trainèrent leur escorte en jupons le temps de rejoindre Fiercastel. Lorsque celui-ci apparut, dressé sur le bleu du ciel tel une démonstration de puissance, l'Ours et sa cavalière descendirent de leur monture et les deux sœurs sans pudibonderie aucune l'entourèrent de leurs bras et se laissèrent embrasser sur la bouche à tour de rôle. Mordrain, du haut de son cheval, assistait à la scène avec une froide indifférence. Et tandis qu'ils franchissaient le fossé qui menait à la première des poternes, il se retourna néanmoins pour répondre aux baisers qu'elles lui envoyaient du bout des lèvres par un timide sourire qui les fit glousser de plaisir.

Eudes, prévenu de leur arrivée, les attendaient à l'intérieur même du donjon. Il vint à leur rencontre du fond de la pièce principale, sortant de l'ombre, presque royal dans son surcot de satin d'un bleu intense qui lui arrivait aux chevilles, aussi bleu que ses yeux, et aux longues manches fendues qui trainaient sur le sol de pierres. Il embrassa les deux chevaliers avec une sincérité et une simplicité que ne laissait pas supposer son allure princière. Mais ils étaient tous les deux, après ses frères, ce qu'il avait de plus précieux, et les liens qu'ils avaient tissé au fil des ans, dans le sang et la sueur des batailles, valaient bien ceux de la parenté. Ils lui revenaient indemnes aujourd'hui, par cette belle journée de printemps, mais l'absence de Guilhem s'imposant à lui d'emblée, ainsi que la présence de cette femme étrangère, qu'il trouva au premier coup d'oeil d'une beauté tragique, le poussèrent à les accabler de questions sans leur laisser le temps de récupérer de leur longue chevauchée. Ils les écouta, l'air grave, s'exprimer à tour de rôle, lui décrivant le sauvetage de Claire, le guet-apens des moines soldats, l'enlèvement de Guilhem, la mort accidentelle du Balafré, la perte du parchemin. Cela faisait beaucoup à entendre. Eudes, une fois leur récit terminé, se tourna vers la jeune femme et prit le temps de l'étudier, comme si un examen minutieux de celle-ci pouvait lui apporter des réponses quant à ce qu'il convenait de faire désormais. Claire, la tête haute, subit sans broncher ce regard inquisiteur qui lui rappelait étrangement celui de l'homme auquel elle devait la vie et l'honneur. Puis, comme sortant d'un rêve, il s'adressa aux deux chevaliers en ces termes : « Guilhem est entre les mains de nos ennemis, et Hernaut s'est fabriqué une cage dorée à Milan, d'où, à ce que l'on m'a dit, il n'est pas prêt de sortir. Maintenant, mes espoirs se tournent vers Ascelin, qu'il nous faut désormais attendre. Lorsqu'il nous aura rejoint, ce que j'espère du plus profond de mon cœur, nous déciderons ensemble de ce que nous ferons. Néanmoins, en attendant, comme je ne puis me résoudre à abandonner Guilhem, je vais me servir de mes relations pour négocier sa libération, ou tout du moins dans un premier temps, m'assurer que ses conditions de détention ne sont pas trop dures. Mais je manque à tous mes devoirs. Damoiselle, je vais vous faire conduire auprès de ma mère. Vous résiderez chez elle et y trouverez le repos nécessaire après un tel voyage. Quant à vous, mes chers compagnons, je vous invite à vous délasser et à vous restaurer à mes côtés. Nous rendrons ensuite hommage au Balafré qui était un homme de bien et qui va nous manquer à tous, c'est certain. » Et, sur un signe de leur maître, des serviteurs se précipitèrent pour répondre aux désirs de chacun d'entre eux.

Une semaine plus tard, le souhait formulé par Eudes se réalisa : Ascelin, flanqué de la Belette, pénétrait à son tour sous le couvert de la forêt ardennaise. L'enfant avait déjà changé et sa croissance, après sa maladie, semblait s'être accélérée. Il prenait insensiblement, jour après jour, le chemin de l'adolescence sans que son maître, habitué à le voir, ne s'en rende vraiment compte. Pour le moment, le jeune seigneur était tout à ses retrouvailles avec sa terre natale. Comme s'il l'avait accompagné jusque là dans le but de lui montrer le chemin, un faucon planait dans l'air au-dessus de leurs têtes et il ne disparut à leur vue que lorsque les frondaisons des hêtres mirent un écran d'ombre et de lumière entre eux et le ciel. Pour Ascelin, c'était un bon présage. La présence du rapace était pour lui symbole de protection et de bonheur. Enfin, il revenait au foyer, et il avait hâte de revoir ses frères, de les écouter raconter les anecdotes de leurs odyssées respectives. Lui, il n'avait en fait pas grand chose à dire, à part sa rencontre avec la Belette. Ce qui s'était passé durant son séjour chez les guérisseuses et pendant sa retraite au fin fond de la forêt vivaraise, il ne se sentait pas encore prêt à le partager avec qui que ce soit.

Arrivé face à la forteresse, sa jument pressa d'elle-même le pas. « Regarde, la Belette, fit remarquer Ascelin, on dirait qu'Ombrage reconnaît l'endroit. » Il respira à fond l'air environnant, humant l'odeur de mousse et de terre humide qui lui parlait si bien. Le château se dressait devant lui, identique à l'image qu'il en avait gardée en partant. A deux pas des douves, un jeune arbre couvert de feuilles d'un vert tendre attira son attention. «  La Belette ! S'exclama-t-il . C'est le jeune chêne que j'ai planté il y a maintenant cinq ans de ça. Vois comme il est beau maintenant. » Et, un sourire aux lèvres, il poussa sa monture sur le pont de pierre qui dominait les douves.

Quelques heures plus tard, Ascelin, ayant abandonné la Belette aux soins d'un autre écuyer chargé de le renseigner sur les usages du château et de lui faire visiter les lieux, descendait le long escalier qui menait à la tour des Soupirs en compagnie de son frère Eudes. Il venait de rendre visite à sa mère, lui apportant par sa présence l'étincelle de bonheur qui lui permettrait de s'accrocher de nouveau à la vie au milieu du deuil de l'un de ses fils. Eudes avait été présent lors du récit de son voyage qu'il avait fait à la Comtesse, et maintenant, il commençait à y voir clair sur la situation présente. «  Toi non plus tu n'as pu ramener le parchemin à bon port, disait-il à son frère tout en descendant les marches. Après moi et Guilhem, il ne reste plus qu'Hernaut à en détenir un exemplaire. Toutes nos chances reposent désormais sur ses épaules. Connaissant Hernaut, c'est loin de me rassurer.
_ Mais il y a quelque chose d'étrange dans toute cette histoire, coupa Ascelin, pensif.
_ D'étrange ? De quoi veux-tu parler ? » Les deux frères, tout en devisant, atteignirent le donjon dans lequel ils résidaient désormais. Eudes y pénétra le premier et, arrivé devant l'immense cheminée pour l'instant éteinte, fit face à son frère pour insister de nouveau : « Vas-y. Parle ! Si tu as une idée derrière la tête.
_ Ecoute-moi bien, Eudes. Peut-être vas-tu trouver que j'ai une imagination débordante, mais c'est le feu qui a détruit ton parchemin, n'est-ce pas ?
_ Oui. Et alors ?
_ Et bien, si toi c'est par le feu que tu l'as perdu, il se trouve que celui de Guilhem a été détruit par la terre, et quant au mien, c'est l'eau qui me l'a définitivement endommagé. Tu ne trouves pas cela bizarre, non ?
_ Qu'est-ce que tu cherches à me dire ? Qu'il y a quelque chose de pas naturel derrière tout ça ?
_ En quelque sorte, oui. Je pense qu'il est question de sorcellerie... » Ascelin ne put pas en dire plus. Eudes partit d'un rire qui résonna dans toute la pièce. « Ah, petit frère ! Je confirme que ton imagination n'a pas de limites. Je te retrouve là exactement comme lorsque tu étais adolescent. Le premier à croire aux histoires qu'on nous narrait, enfants, pour nous faire rêver ou pour nous faire peur. » Ascelin regarda son frère de biais, déçu qu'il prenne son hypothèse autant à la légère. «  Par contre, quelque chose en toi a changé depuis la dernière fois que nous nous sommes vus, reprit Eudes en dardant sur lui son regard azuré. J'ignore encore quoi, mais je suis sur que tu n'es plus tout à fait le même. » Ascelin coupa court aux questions qu'il pressentait venir : «  Je vieillis, comme tout le monde, bien sur. » Eudes laissa tomber ses investigations et changea alors de sujet : « En parlant de vieillir, maintenant que nous sommes seuls, tous les deux, il faut que je t'entretienne d'un sujet qui nous tient à cœur, à notre mère et à moi-même. » Ascelin ne put s'empêcher de pousser un soupir. Il se doutait que son frère aborderait à un moment donné un tel chapitre. « Tu es désormais en âge de te marier, poursuivit Eudes. Or, nous t'avons trouvé un bon parti... » «  Pitié, coupa Ascelin. » « Attend donc de savoir avant de crier grâce, espèce de bourrique, dit le frère aîné. Il s'agit d'une de nos cousines, fille du Comte de Flandre et de Hainaut. Ton alliance avec elle nous seraient des plus profitables, car elle permettrait d'adjoindre des terres aux limites de Belombreuse. Elle se nomme Marie, et je te conseille vivement... » « Tu l'as vue de tes propres yeux ? L'interrompit Ascelin, pas loin de l'exaspération. » « Bien sur que je l'ai vue. J'ai même fait faire un portrait d'elle à ton intention.
_ Montre-le moi, alors », commanda Ascelin d'un air blasé. Eudes lui tendit un petit tableau qu'il avait gardé par devers lui durant toute la durée de leur conversation. Son jeune frère l'examina avec attention. L'image de la fille qu'il avait devant lui, peinte avec un certain talent, était celle d'une jeune blonde plutôt accorte, aux yeux d'un bleu qui n'avait rien à envier à ceux de la famille Belombreuse. «  Pas mal ! » Apprécia Ascelin. Eudes le regarda, surpris. Jamais son jeune frère n'aurait eu une telle réaction, auparavant. Et puis, soudain, il comprit. «  Je sais ce qui s'est passé et pourquoi je te trouve si changé, Ascelin. Regarde-moi bien et ne me ment pas. Tu as enfin connu ta première fille, c'est ça ? » L'intéressé leva vers lui ses yeux angéliques et à la façon dont il regarda son frère, il n'eut pas besoin de formuler de réponse. «  C'est ça ! S'exclama Eudes. Je suis dans le vrai. Viens dans mes bras, digne rejeton du Comte Haimon, je suis fier de toi. » Et, tout en l'enlaçant, il lui murmura à l'oreille : «  Tu ne seras pas déçu, je te le promets. »

Lorsque Ascelin quitta momentanément son frère pour s'enquérir de son page, il le trouva dans la cour principale en compagnie d'un garçon à peu près de son âge, mais plus grand et bien plus charpenté que lui, aussi noir de cheveux et d'yeux qu'un fils de maure. La Belette s'empressa de le lui présenter, ravi d'avoir trouvé un compagnon qui avait plus d'une chose en commun avec lui. « M'sire, fit-il en s'adressant à son maître, voici Flavien, fils de Baron. Lui aussi l'est page tout comme moi. L'est venu avec le comte Eudes. » Ascelin, après avoir gratifié le jeune garçon d'un sourire de bienvenue, ne put s'empêcher de morigéner la Belette : « Fais donc un effort lorsque tu parles. Et, par la Sainte Lance, essaie donc de te débarrasser de cet accent déplorable. Combien de fois te l'ai-je dit ? » L'enfant fit la moue, vexé d'être ainsi réprimandé devant son tout nouvel ami. « J'essaierai, Messire », fit-il dans un effort qui lui semblait presque surhumain. « Voilà, c'est déjà mieux. » Commenta Ascelin, amusé de le voir soudain si appliqué. Et il les laissa tous les deux à leurs conversations d'adolescents.

Après avoir retraversé la cour, il lui pris l'envie d'arpenter les courtines. Enfant, il adorait se réfugier dans les hourds, ces cages de bois percées à intervalles réguliers d'étroites meurtrières, par lesquelles il pouvait voir des morceaux de vallée et de ciel que venaient strier par moment d'imprévisibles vols d'oiseaux. Alors qu'il prenait le chemin des fortifications, il se retrouva nez à nez avec Célinan qui, le reconnaissant, s'inclina devant lui, son éternel rictus aux lèvres entretenant le doute sur ses arrière-pensées. « Célinan ! Dit Ascelin en lui rendant son salut. Je sais pour Hernaut et pour ta requête qui le concerne. Je suis prêt à me joindre à toi pour aller le chercher. 
_ Seigneur Ascelin, votre implication me touche », répondit celui-ci, et une lueur rusée brilla fugacement au fond du puits de ses yeux noirs. « Mais nous devrons d'abord en discuter auprès de votre frère aîné. C'est pour cela qu'il me fait venir ici. » Célinan faillit prendre aussitôt congé de lui, puis se ravisant au dernier moment, il sortit d'une bourse qu'il dissimulait dans les plis de son manteau, un lacet de cuir auquel était suspendue, enchâssée dans de l'or pur, une pierre d'un bleu intense veinée de clair et de sombre. « Puisque je vous vois, dit-il, mon maître m'a chargé de vous remettre ceci. Il a acquis ce bijou sur un des marchés de Milan, et pensait vous en faire cadeau. » Ascelin prit l'objet et le fit tourner entre ses mains à la lumière du soleil. « C'est fort joli, fit-il, et c'est très aimable à mon frère de m'offrir un tel présent. Je le porterai volontiers, et ainsi mes pensées iront à lui.
_ A bientôt, alors », conclut Célinan en s'éloignant de lui, et il traversa la cour qui menait aux appartements du Comte Eudes.

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