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dimanche 25 septembre 2011

Chapitre 11 : Le duel

Dans le verger qui jouxtait la riche demeure des Aldobrandi, des cris de joie et des rires se faisaient entendre. Quelques représentants de la jeunesse dorée milanaise se livraient à des parties de colin-maillard, au milieu des cerisiers en fleurs. Une bonne dizaine d'adolescents des deux sexes, dont les vêtements aux couleurs vives égayaient le vert jauni de l'herbe sur laquelle ils s'ébattaient, occupaient leurs loisirs en jeux insouciants. Colombe était du lot, bien sur. Le feu de l'action avait rosi ses joues et elle portait un bliaud en lin d'un bleu lavande orné d'une longue ceinture dorée qui mettait en valeur son teint délicat. Un jeune garçon aux yeux bandés venait, de part ses attouchements, de la reconnaître, et il détacha le foulard qu'il portait pour le lui remettre à son tour, quand elle déclara à la cantonade :  «  Et si nous faisions une partie de cache-cache? » Sa proposition eut pour effet de soulever l'enthousiasme de ces adolescents désoeuvrés. Plusieurs voix s'élevèrent : « A Tiziano de chercher! Tiziano! » Le susnommé était un garçon d'une quinzaine d'années, au regard rêveur à moitié dissimulé sous une frange brune. D'une allure un peu pataude, son caractère apathique en faisait le plus souvent l'objet des quolibets de ses compagnons de jeu. Une fois celui-ci mis à l'écart et sous promesse qu'il n'userait d'aucune tricherie, le groupe de jeunes gens s'égailla au beau milieu des pêchers, cerisiers et autres amandiers, dans un concert de rires. Colombe, relevant ses jupes, courut avec les autres, puis se sépara d'eux pour se réfugier à l'ombre de vieux figuiers dont les branches soigneusement taillées formaient comme une voûte au-dessus de sa tête. Alors qu'elle contournait un des troncs noueux, ses pas précipités la jetèrent sans le vouloir dans les bras d'un homme qui attendait là, dissimulé dans la zone semi-obscure qu'entretenaient les lourds feuillages. Elle reconnut Hernaut et, confuse de l'avoir ainsi heurté, fit un pas en arrière en se dégageant de lui. Passant aux abords du verger, il avait été attiré par tout le tapage que produisait cette jeunesse turbulente, et s'était avancé discrètement pour les observer, lorsque la fille du Comte lui était miraculeusement tombée dans les bras. Il lui sourit afin de la rassurer : «  Je ne t'ai pas fait peur, au moins? » dit-il dans un murmure, tandis que la jeune femme tentait de réprimer les battements de son coeur. Celui qu'elle avait en face d'elle était au moins de dix ans son aîné et, à chacune de leurs rencontres, sa virilité d'homme mûr la troublait étrangement. « Je vois avec plaisir que vous êtes désormais guéri », lui dit-elle, faisant allusion aux côtes cassées, cadeau du chevalier italien dont elle était maintenant la promise. « Grâce à Dieu, me voilà en effet presque tiré d'affaire. » Il la dévisagea comme s'il voulait graver en lui chacun de ses traits juvéniles. Colombe le trouvait beau. Elle aimait son regard d'un bleu d'azur, son profil qui le faisait ressembler à un oiseau de proie. Et elle imaginait la vigueur de son corps athlétique. Elle remarqua, non sans déplaisir, qu'il portait, noué autour de son bras gauche, le ruban qu'elle lui avait offert au cours du tournoi. « Si tu veux te cacher, lui dit-il, ce n'est certes pas le meilleur endroit pour cela. Je connais un lieu qui conviendra bien mieux pour ce genre de divertissement. Et, disant cela, il la prit par la main et la mena sous les arbres, jusqu'à la clôture. Là, des fascines d'osier avaient pris racine, créant un enchevêtrement de branches tel qu'il était facile à un corps un peu gracile de s'y dissimuler. Hernaut lui désigna l'endroit, mais il ne la lâcha pas pour autant. « Quand ton père compte-t-il faire de toi l'épousée du chevalier Cavaletti? » Lui demanda-t-il d'un ton qui ne faisait aucun doute quant à son dépit. « D'ici à deux semaines tout au plus », lui répondit la belle. « Deux semaines! » Fit-il, songeur. « C'est peu pour avoir l'occasion de te voir, mais auprès de toi, ce pourrait être une éternité. » Colombe ne comprenait pas vraiment le sens de ses paroles, mais ce qu'elle pouvait lire au fond des yeux de cet homme était suffisamment éloquent pour qu'il n'ait pas besoin de lui en dire plus. Hernaut la serra contre lui et se mit à l'embrasser à pleine bouche. Elle fit d'abord mine de lui résister, puis il la sentit s'abandonner à lui. Il savait dès lors qu'il l'avait conquise. Il aurait pu en cet instant aller beaucoup plus loin, mais cette vierge sublime qu'il tenait dans ses bras méritait tout autre chose que ce qu'il réservait d'habitude aux autres femmes. Et, même si son attitude envers elle tendait à prouver le contraire, en vérité, elle l'intimidait. Aussi, il se détacha d'elle et, désignant le refuge d'osier :  « Hâte-toi de te dissimuler céans, avant qu'il ne te trouve. » Et, sans la quitter des yeux, il se dirigea lentement vers la sortie du verger, lui envoyant au passage du bout des lèvres un dernier baiser, qu'elle eut l'impression de cueillir, porté sur les ailes d'un léger souffle d'air.

Une fois dans la rue, Hernaut erra à travers la ville. Le marché s'était installé sur la place principale. Il remarqua sur certains étals la présence d'un légume venu directement d'Orient. Comment se nommait-il déjà? Ah, oui. Maintenant il se rappelait : aubergine était son nom. Les croisés l'avaient ramené dans leurs bagages, comme beaucoup d'autres choses. Plus loin, des soieries aux motifs byzantins, luxe que seules les familles aisées pouvaient s'offrir. Devant l'un de ces opulents étalages, il vit un petit attroupement, remarquable par la richesse des vêtements arborés. Composé uniquement d'hommes, visiblement de la haute société, Hernaut eut la sensation en passant tout près d'eux que de leur groupe se dégageaient des relents de morgue et d'arrogance. L'un des hommes était en train de marchander une pièce de tissu précieux, et il l'entendit nettement prononcer ces mots à l'adresse du commerçant: « Trop cher, et pas assez somptueux. Montre-moi ce que tu as de mieux. Sache que rien n'est trop beau pour le chevalier Cavaletti. » Hernaut reçut les derniers mots comme un coup de poing en plein visage. Il réagit vivement. «  Lequel d'entre vous est le chevalier Cavaletti? » S'écria-t-il indifféremment au groupe de nantis qu'il avait en face de lui. Un homme à la taille au-dessus de la moyenne se détacha du lot. Aussi richement vêtu que ses compagnons, il affichait sa fortune au moyen de broderies, de fourrures et de tissus précieux dans des dominantes de bleu du plus bel effet. Mais sous son couvre-chef porté avec panache, ses traits taillés à la serpe et son regard noir teinté de férocité faisaient plus penser à un soudard que la fortune aurait décidé brusquement de gâter, qu'à une créature bien née. « Je suis le chevalier Cavaletti, fit-il dédaigneusement. Et à qui ai-je l'honneur? » Hernaut ne déclina pas tout de suite son identité. Au lieu de cela, faisant mine d'ignorer son interlocuteur, il s'adressa directement au marchand de tissus, ainsi qu'au groupe d'hommes qui accompagnaient son rival : « Sachez qu'au contraire rien n'est trop sordide pour le chevalier Cavaletti. » Et, se tournant vers l'intéressé, il illustra aussitôt sa phrase d'une gifle monumentale qui laissa pantois celui auquel elle était destinée. Les hommes alentour réagirent promptement, ceinturant Hernaut pour l'empêcher d'aller plus loin dans son affrontement. «  Laissez-le », dit le chevalier, encore estomaqué mais néanmoins désireux d'en savoir plus. « Cet individu insolent me doit quelques explications. » Hernaut se dégagea brutalement et le regarda, éclatant d'un rire féroce. « La fille du comte Aldobrandi est une perle rare dont tu ne peux que ternir l'éclat. » Et, détachant le ruban aux couleurs de Colombe, il le lui mit sous le nez. Cavaletti se souvint alors. « Mais tu es celui que j'ai culbuté durant le tournoi, maintenant je m'en rappelle. Regardez! Fit-il, prenant à témoin toute sa cour. Cela ne lui a pas suffit. Il en redemande, le bougre! » Et tous de s'esclaffer devant l'impudence du jeune seigneur. « Et bien, poursuivit le chevalier, puisque la raclée que je t'ai mise la dernière fois ne t'a apparemment pas suffi, et qu'en plus de cela tu dois me répondre de ton outrecuidance présente, je te rencontrerai dans trois jours, devant la place de l'ancienne cathédrale, aux premières lueurs de l'aube. Je te laisse le choix des armes. Cela te va-t-il? »
_Cela me convient, répondit Hernaut. Et je choisis l'épée. » Puis, ayant obtenu ce qu'il cherchait, il tourna les talons et, se frayant un passage parmi la foule des badauds qui s'étaient massés là, attirés par tout ce tapage, s'éloigna à grands pas.

Le lendemain, dans un champ, à une demi-heure de marche de la périphérie de la ville, Hernaut, ayant payé les services d'un maître d'armes, s'exerçait depuis le lever du soleil. Son vassal Célinan avait eu la généreuse initiative de lui laisser largement de quoi vivre avant de le quitter, et il avait pu sans peine s'offrir les services d'un des meilleurs spécialistes en la matière. Et, depuis des jours déjà, bien avant sa rencontre avec le chevalier Cavaletti, il suait sang et eau au soleil d'Italie pour retrouver la force et la hardiesse qui le caractérisaient lors des combats, et qu'il avait en partie perdue après son accident de tournoi. De plus, il en profitait pour améliorer sa technique. C'était le point qui lui faisait le plus défaut. Ses frères le lui avaient souvent reproché : « Hernaut, disaient-ils, c'est le seul d'entre qui nous se batte en aveugle. De l'intrépidité, rien que ça. Mais quant à la raison et à l'expérience, il lui reste tout à apprendre. » Et ils ne cessaient néanmoins d'admirer les prouesses de celui-ci, qui s'en sortait le plus souvent avec seulement quelques entailles bénignes, comme si Dieu en personne s'était chargé de veiller sur lui. Colin, assis dans l'herbe à quelques pas de là, ne perdait rien du spectacle. Célinan lui avait recommandé de servir son suzerain le mieux possible, et il s'acquittait de cette tâche avec beaucoup de zêle, d'autant plus qu'un lien d'amitié avait commencé à se former entre eux deux.

Le maître d'armes, un italien qui avait fait ses débuts en terre franque, était en effet un des meilleurs que l'on puisse trouver en cette ville. Il entrainait Hernaut avec des épées de bois et des boucliers, et ils s'étaient dévêtus tous les deux jusqu'à la taille. Tout en tendons et en muscles, il faisait preuve d'une rigueur et d'une intransigeance qui obligeait chacun de ses élèves à exprimer, au prix de maintes souffrances, le meilleur de lui-même. Mais Hernaut s'était préparé psychologiquement à ce genre d'exercice. Et, au fil des jours, il sentait monter en lui des qualités qui lui avaient fait défaut jusque là. Cela valait bien quelques douleurs, en somme. Le maître ressassait ses préceptes comme autant de litanies : « Arrière droite, basse, intérieure gauche, médiane, droite. Gardez votre flanc, Messire, quand vous faites cela. Sinon, vous allez regretter d'être né. On recommence : arrière droite... »

Des heures durant à ce rythme infernal et, quand le maître lui signifia que la leçon était terminée, Hernaut n'était plus qu'un parangon de douleur, et chaque muscle de son corps se rappelait à lui. De la main de Colin, il prit un linge afin d'éponger la sueur qui le trempait. Et, après s'être désaltéré, retrouvant peu à peu son souffle, il fit quelques pas le long du champ en compagnie de son écuyer. « Alors, Colin, qu'en penses-tu ? » Lui demanda-t-il. « De quoi voulez-vous parler, Messire ?
_ De ce à quoi tu viens d'assister. Me juges-tu suffisamment prêt pour être désormais en mesure d'infliger une correction à ce poseur de chevalier ?
_ D'après ce que j'ai vu, vous m'en semblez en effet capable. Mais, si je peux me permettre, j'aurais juste un conseil à vous donner... » Hernaut, amusé par tant d'assurance de la part de cet adolescent, le prit par les épaules, et l'encouragea à poursuivre. « J'ai remarqué, continua Colin, que votre rival s'appuie essentiellement sur sa force physique. Ainsi vous a-t-il battu aisément au tournoi. » Hernaut dut reconnaître qu'il avait entièrement raison. En effet, qu'aurait-il pu faire face à cette masse imposante lancée sur lui au triple galop ? « Aussi, conclut Colin, il vous faudra vous servir de votre agilité plutôt que de votre force brute pour le contrer. » Décidément, Hernaut aimait bien ce garçon. « Oui, lui répondit-il. Et aussi me servir de ma tête comme tu sais si bien le faire. »

La veille de l'affrontement, Hernaut rendit visite au prélat qui l'avait confessé, il y avait maintenant plus d'un mois de cela, lorsqu'il errait dans les rues de Milan comme une âme en peine, à la recherche d'une rédemption et d'une oreille compatissante... L'homme d'église n'eut aucun mal à le reconnaître. Comment aurait-il pu oublier en effet ce rejeton de la haute noblesse, débarqué en pleine nuit dans son sanctuaire pour se faire écouter en confession, et tout ça pour se l'entendre avouer une faute qu'il prétendait majeure, mais dont néanmoins il ne pouvait lui en révéler la teneur. Cette fois-ci, l'intérieur de l'édifice était livré au grand jour, et des rayons de lumière de différentes couleurs traversaient les vitraux pour inonder les travées, des myriades de poussières dorées voltigeant à travers eux. Hernaut portait un coffret de bois scellé, qu'il remit dès son arrivée entre les mains du prêtre. « Prenez ceci, mon père, et mettez-le en lieu sur. Demain, je dois me battre en duel, et si moi ou mon écuyer ne venons pas d'ici deux jours réclamer cette cassette, veuillez considérer alors que ma vie s'est arrêtée là, et faites en sorte que ma dépouille, ainsi que ce coffret, soient acheminés le plus rapidement possible vers la terre de mes ancêtres. Et veillez à ce que le tout soit remis entre les mains de mon frère aîné, Eudes, Comte de Belombreuse. » Tout en disant cela, il glissa dans la main de l'officiant quelques pièces en or. Son amour pour Colombe était ce qu'il avait de plus cher pour le moment, mais il n'en oubliait pas pour autant ses devoirs envers ses frères, et c'était tout ce qu'il avait trouvé de mieux pour rapatrier le précieux parchemin au cas où il lui arriverait malheur. Le prêtre prit les pièces sans poser de questions. Il y avait là largement de quoi financer ce transfert, et même bien plus. Hernaut se contenta alors de voir avec lui les détails afférents à cette éventuelle entreprise.

Le jour se levait à peine sur la place qui prolongeait la cathédrale dévastée, et dont on apercevait les ruines calcinées en décor de fond. Mais déjà, chacun des belligérants étaient en place, assistés de témoins et de domestiques, ce qui se limitait à une seule personne pour Hernaut, et à une demi-douzaine d'hommes pour le chevalier. Colin n'avait pas manqué de faire remarquer à son maître combien la tenue de Cavaletti pouvait représenter un handicap pour son porteur : en effet, une lourde cotte de mailles lui arrivait aux chevilles et il était coiffé d'un heaume semblable à ceux qui étaient porté durant les tournois. A côté de ça, Hernaut se protégeait le buste au moyen d'une cuirasse ornée de plates de fer, beaucoup plus légère que la cotte, tandis que des épaulières, des cubitières et des gantelets du même métal finissaient de l'habiller, le garantissant au moins du pire. Mais, ses cheveux auburn noués en catogan, il avait opté pour garder la tête nue. C'était là une prise de risques entièrement calculée de sa part. Il aurait besoin de visibilité et de mobilité conjuguées pour affronter cette montagne qu'il allait avoir en face de lui.

Tandis que Colin finissait d'ajuster la cuirasse de son maître, des gouttes de sueur se mirent à perler au front de celui-ci. L'écuyer s'en aperçut. Ce n'était certes pas la fraîcheur de ce petit matin qui en était responsable. Hernaut, le regard rivé sur la silhouette imposante de son adversaire, fit remarquer : « Tout de même, il est impressionnant. 
_ Messire, fit Colin, conscient qu'il avait son rôle à jouer dans cette affaire, je suis à vos côtés pour apprendre le métier de chevalier. C'est moi qui ait besoin d'une leçon, et non vous. » Hernaut, tournant la tête, le dévisagea avec intérêt, avant de lui demander : « Mais encore ? » Colin soupira. Oui, il n'avait que quatorze ans, mais il avait déjà bien compris ce qui pouvait motiver un homme. Se penchant vers son maître, il lui murmura quelques mots à l'oreille. Hernaut, l'ayant entendu, le repoussa, et réclama son bouclier. Le bleu de ses yeux semblait avoir viré à l'orage. Il marcha sus à son rival et, sans préliminaires, l'attaqua de front. Les boucliers s'entrechoquèrent, les épées se heurtèrent dans un bruit de métal qui résonna dans l'air matinal, tandis que le silence s'installait parmi les témoins. Colin, un sourire aux lèvres, savait qu'il avait visé juste. L'image qu'il avait instillée à l'instant, de cette brute épaisse de chevalier déflorant la si délicate Colombe, était pour l'heure le seul moyen d'attiser la colère de son maître.

Hernaut, comme prévu, se révéla bien plus vif que son opposant. Il n'empêche, un moment d'inattention, et le chevalier, percevant la faille, en profita pour faire courir sa lame à la base de son cou. D'un rapide pas en arrière, le jeune seigneur se dégagea, de nouveau à l'abri derrière son bouclier. Le sang se mit à perler de sa blessure. Une simple estafilade, rien de plus. Il répliqua de plus belle. Flambante entama un ballet redoutable, menaçant à plusieurs reprises de toucher son adversaire. Puis, ce fut la chute. L'épée d'Hernaut, malgré la protection de la cotte, entailla largement la chair, au niveau d'un mollet. Le chevalier s'effondra à ses pieds en lâchant une bordée de jurons, et sa masse pesante fit trembler le sol tout autour de lui. C'était plus que suffisant. Hernaut, sans même un regard pour son rival, se détourna, tandis que le groupe de courtisans se précipitait à la rescousse de ce dernier. Il rejoignit Colin. Tuer le chevalier ne lui aurait apporté rien d'autre que des ennuis. Le blesser de cette manière aurait au moins pour effet de retarder la date du mariage. C'était tout ce qu'il désirait pour le moment. Son écuyer entreprit de le débarrasser de son armure. « Que vous arrive-t-il, Messire ?» demanda celui-ci, inquiet de le voir soudain si blême. « Rien de grave, je t'assure, Colin. » Répondit-il. Il venait de porter la main à sa blessure, et le contact du sang encore poisseux lui avait fait réaliser qu'à un doigt à peine de la jugulaire, cette histoire aurait très bien pu se terminer là, mettant un terme prématuré à sa vie ainsi qu'à ses amours terrestres.

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